Je suis née dans une grande famille assez aisée, quelque part dans la campagne d'Amakna. Grands-parents, oncles et cousins plus ou moins éloignés vivions dans un ensemble complexe de fermes de différentes tailles, nous réunissant régulièrement autour des énormes fours à pain de mon parrain, qui était aussi mon grand-oncle par alliance et uni à moi par je pense beaucoup d'autres liens tortueux.
J'ai passé mon enfance à courir dans les champs, à confectionner d'étranges pains qui donnaient à ceux qui les mangeaient des couleurs de cheveux délirantes et à me rouler dans le foin en compagnie de mes nombreux frères, soeurs, petits-cousins, neveux et autres voisins. Je me souviens que nous avions toujours tous eu cette passion innée pour la cuisine, les mélanges, les odeurs.
A l'époque rien n'aurais pu me prévenir quant aux disputes qui sévissaient au sein de notre belle famille. C'est pourquoi je n'ai pas réagi quand les repas ont commencé à se transformer en débats violents et chaque discussion en discours provocateur. Pas réagi non plus quand une de mes tantes s'est mise à pleurer en caressant ma tignasse chaque fois qu'elle me voyait, ni quand un individu dont j'ai oublié nos liens de parenté a cassé une grande partie des cheminées de la cuisine dans un accès de fureur ravageuse.
Non, je n'ai pas réagi jusqu'à ce que les problèmes empirent vraiment, au point qu'un soir tout le monde en vienne aux poings, et que mon père assomme ma propre mère avec son rouleau à pâtisserie, avant que, ayant reprit ses esprits, elle-même ne lui transperce le torse avec la faux usée suspendue au mur du salon.
Peu après le carnage qui n'avait laissé en vie qu'un tiers d'entre nous, je retrouvai mon plus proche cousin, et meilleur ami, avec qui je décidai de partir découvrir le monde. En traversant des contrées désertiques où quelques nomades s'accrochaient aux denrées les moins comestibles que j'ai connu comme à un précieux trésors, des villages où des bandes de gamins aux vêtements en lambeaux et maigres comme des clous jouaient dans la poussière, d'autres où les parents avaient pour coutume d'abandonner ceux de leurs enfants qui n'étaient pas assez robustes, ou ne manifestaient pas d'assez grandes dispositions à l'art exercé par leur famille, je me suis rendue compte de la chance que j'avais eu, du bonheur que j'avais connu.
J'ai cherché un but à poursuivre, une quête à réaliser pendant plusieurs années qui m'ont paru des siècles. Mais le temps n'est pas passé bien vite puisqu'aujourd'hui, j'ai à peine 14 printemps et je viens de découvrir comment affirmer mes sensations profondes, comment m'exprimer pleinement; aujourd'hui je me revendique en tant que serviteur de Pyrhatt.
Je suis un xélor maîtrisant tant bien que mal le feu et maniant la faux et le rouleau à longueur de journée. N'étant pas très puissant, mon sort de prédilection est pour l'instant le Rayon Obscur.
Pour finir, vous avez sans doute deviné que j'apprécie particulièrement d'assommer mes ennemis avec de longs récits, bien plus qu'avec mon marteau.
